03) Ramon a Tiahuanaco (Bolivie)

La camera fond depuis les hauteurs sur les ruines merveilleuses de la cité Inca de Tiahuanaco. Elle survole le site ancestral, sa démesure, sa hauteur, sa splendeur. On aperçoit rapidement un homme seul arpentant une allée. Le site est déserté, mis à part un camp installé aux portes de la cité où quelques militaires se déplacent de-ci de-là.

L'angle tourne ensuite vers l'homme seul et s'approche brutalement, révélant ses traits usés et fatigués et sa tenue poussiéreuse. Ramon a passé sa journée à faire visiter des touristes Mexicains richissimes trops puissants pour craindre même le conflit avec le Paraguay, et il est erreinté.

Le soleil est bas à l'horizon, et le Californien se prépare à partir lorsqu'une tâche humide rougeatre sur le sol d'une allée attire son regard... On dirait du sang !

Ramon IVANOVITCH effectua rapîdement un tour complet sur lui-même pour voir si quelqu'un s'approchait ou pouvait le voir.

Constatant qu'il n'y avait personne aux alentours, il s'approcha prudemment, en longeant le bord de l'allée. Arrivé au niveau de la tche rougeâtre qui avait attiré son attention, il s'accroupit.

Il pouvait, même à la quarantaine de centimètres qui le séparait de sa macabre découverte, reconnaître l'odeur métallique du sang. Il en avait trop senti par le passé.

Néanmoins peu rassuré, il s'écarta de la tache de sang, en recherchant des traces sur le sol constitué de poussière, de pierrailles qu avaient certainement été foulées il y a des siècles par les bâtisseurs de cette étrange cité.

A qui pouvzait bien appartenir ce sang ?

S'il lui serait difficile de voir des traces ou indices précis sur une telle surface, il serait certainement difficile à quelqu'un de le surprendre sans trahir sa présence par des bruits de rocaille...

Enchaînant une série impressionnante de signes de croix, tout en livrant une rafale de blasphèmes à peine édulcorés pour ne pas heurter sa propre sensibilité religieuse, Ramon se saisit de son arme, s'assura qu'elle était bien chargée, vérifia de nouveau les alentours, et, ne voyant toujours personne, appela à mi-voix, en espagnol :

"Hola, il y a quelqu'un ? Vous avez besoin d'aide ?"

En tout cas, cela ne pouvait pas être un des touristes de son groupe de visiteurs d'aujourd'hui, il les avait reconduits à leur autochenille pétaradante il y a une dizaine de minutes, et il était à peu près persuadé qu'il n'en manquait aucun...

Un animal poussa un cri étrange, un insecte bourdonna brièvement, il serra la crosse de son Colt...

La routine, quoi.

Aucun bruit ne trouble le calme environnant. Ramon suit les traces de sang qui s'enfoncent dans les ruines de la cité. Il franchit une cinquantaine de mètres dans les ruelles et voit que les tâches disparaissent dans un bâtiment encore entier de la cité, mais l'intérieur est trop sombre pour qu'il puisse y voir quoi que ce soit. Il sait tout de même que cette ruine ne mène nul part, elle est constituée d'une seule pièce sans fenêtres.

Au dessus de lui un vautour pousse un cri rauque avant de s'envoler bruyemment dans le crépuscule étouffant.

"Saleté de vautour !" - Pas un bon présage, tout ca !

Obstiné, Ramon IVANOVITCH fait prudemment un pas dans la pièce. Il s'adosse quelques secondes au mur, juste à côté de l'entrée, afin de laisser sa vue s'accoutumer à l'obscurité des lieux.

Il scrute les ombres et écoute avec attention, toujours vigilant.

L'index de sa main gauche est tendu, le long du pontet de son Colt toujours dégainé...

Il longe le mur afin de faire le tour de la pièce aveugle, par la gauche...

"Et avec ca, mon chapelet est resté dans la voiture..." maugréa-t-il intérieurement.

Ramon entend une respiration haletante et rauque provenant d'une forme humaine avachie contre le mur du fond de la pièce. La faible lumière glisse un instant sur un objet métallique long et effilé tenue dans la main lâche de l'homme qui àa l'air trop faible pour bouger. Le silence pesant de la bâtisse sombre est soudain brisé par de faibles murmures rapides que Ramon peut vite identifier : l'homme blessé est en train de prier en latin.

Ramon Ivanovitch se porte rapidement au niveau du blessé, qu'il distingue mieux, à présent...

Se baissant sur un genoux, il écarte l'objet métallique et le repousse derrière lui.
Il murmure "Tu reposeras en paix un peu plus tard ! Je pense que je vais regretter ma générosité, mais je dois tout de même tenter de t'aider..."

Il s'adresse au blessé, qui enchaîne à la vitesse de l'éclair son cinquième "Je vous salue...." : "Où êtes-vous blessé? J'essaie de vous aider alors laissez-vous faire un peu ! J'imagine que vous ne vous êtes pas blessé tout seul, alors vous feriez mieux de me dire tout de suite si votre bourreau se trouve encore dans les environs...".

Sortant un long mouchoir, Ramon essayait de stabiliser le blessé pour l'empêcher de s'affaiblir davantage...

Il posa son Colt et s'affaira de son mieux...mais dans le noir, sans matériel adéquat....

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Alors que Ramon commence à presser son mouchoir contre les blessures de l'homme, visiblement deux blessures par balle à l'abdomen, l'homme lui saisit le poignet pour l'arrêter, mais sans beaucoup de forces ni de convictions. Un sourire fatigué éclaire ses traits alors qu'il souffle en espagnol d'une voix rauque :

- Laisse, mon fils. C'est la fin. Crois-tu en Dieu ? Oui tu crois en Dieu, je le sens. Je m'en vais vers un monde meilleure.

Des bruits de course ainsi que le cliquetis d'armes parviennent à Ramon au loin. Ils se rapprochent.

- Ils arrivent. Laisse moi. Prend ceci.

Le vieux prètre lui tend un petit sac de velour sale et usé long comme sa main.

- Va-t-en ! Court ! Ne le laisse pas l'avoir !

Ses yeux commencent à se révulser tandis que les pas se rapprochent dangeureusement à l'extérieur.

Réagissant instantanément, Ramon IVANOVITCH se saisit du sac de velours, l'enfouit aussitôt dans la poche intérieure de sa veste, ramasse son révolver et fonce vers l'entrée de la pièce.

Après une seconde d'observation, Ramon se lance dans la direction opposée et s'enfonce dans le dédale des ruines.

Profitant de sa connaisance des lieux, il cesse très rapidement sa course pour limiter les bruits, et avise une anfractuosité de la roche, près des débris d'une statue au regard grimaçant.

Cet abri rocheux est situé à environ deux mètres du sol : en fauisant quelques rapides mouvements d'escalade, il pourrait s'applatir sur le sol à l'abri des regards.

En son for intérieur, IVANOVITCH s'adressa au dieu : "Grand Viracocha, protège moi encore quelques minutes, et après, si tout se passe bien, je te laisserai tranquille pour toute l'éternité si tu veux !". Ses mains et ses pieds étaient déjà en train de le hisser vers cet abri providentiel...

[jet Athlétisme pour l'escalade (perception : 8 / athlé : +2 : NA de 10)]

Le Scénariste a écrit:

Seuil : 14

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Alors que Ramon grimpe sa statue, la caméra passe sur un plan montant les jambes d'un groupe d'hommes armés en uniforme et bottes de cuir. Les militaires s'engouffrent dans la cave sombre où le padre a remis l'objet à Ramon.

Retour sur le visage de Ramon suant sous l'effort de l'escalade quand un coup de feu retentit, faisant s'envoler bruyamment un vautour. Un homme aboie des ordres en allemand et les militaires continuent à explorer les ruines au pas de course. Ramon se hisse jusqu'au couvert juste au moment où trois militaires font irruption dans l'allée qu'il surplombe, armés de mitraillettes.

Le Scénariste a écrit:

Jet de Perception 8 + Discrétion +3 : NA 11
Seuil : 15

"Split screen" en diagonale :
en haut, gros plan sur le visage tendu de Ramon IVANOVITCH, ses yeux mi-clos fixent au-dessus de lui : la roche, le ciel qui s'assombrit...
en bas, contre plongé vertigineux sur les soldats allemands qui progressent rapidement dans les ruines...

Ramon IVANOVITCH se force au calme, malgré son escalade rapide, son souffle est à peine plus rapide que la normale. Il s'applatit sur la roche plate et encore chaude, il s'enfonce littéralement dans la roche, tentant d'en faire presque partie intégrante...

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La patrouille scrute attentivement les traces dans la poussière, mais perdent le fil assez vite. Ils déambulent sous le promontoir de Ramon pendant quelques minutes qui semblent durer une éternité.

Finalement, les soldats poursuivent leur exploration, mais la patrouille des ruelles en ruine semble continuer.

IVANOVITCH avait eu chaud, comme lorsque, après avoir organisé un piquet de grève qui avait fini en émeute, dans cette plantation de maïs du Dakota, il avait dû se dissimuler durant plusieurs heures pour échapper à la police locale, pluis à) la milice du patron de la plantation...

Il mettrait de nouveau en oeuvre cette aptitude à la patience...

Il en profita pour ouvrir la poche de velours que le mourrant lui avait laissée...

"Voyons voir ce qui a failli me causer tous ces ennuis..."

La caméra se fixe sur le visage de Ramon qui s'illumine d'une lumière dorée alors qu'il contemple une superbe croix. Il ne sait pas exactement de quelle époque elle date, mais elle a l'air ancienne, et elle a tout l'air d'être faite en grande partie d'or massif.

Eberlué, il ne voit pas le soleil déclinant lancer un ultime rayon vers l'horizon qui se réfléchit dans la croix qui étincelle comme un phare pendant un cours instant. Immédiatement, Ramon entend des exclamations venant de la cité :

- Dort ! Schnell !

Et le tonnerre des pas de militaires commence à converger vers la planque du Californien.

"Malédiction !"

En un instant, IVANOVITCH place quelques cailloux dans l'étui en velours, enfouit rapidemment la croix au plus profond de l'anfractuosité rocheuse, dissimule le tout avec toutes les pierres, végétaux et autres feuiilages qu'il a sous la main. Il place l'étui en velours dans sa poche intérieure et quitte vivement son abri.

Projetant au passage des pierres dans diverses directions, il s'éloigne des lieux au plus vite en prenant la direction de son véhicule.

Plan serré sur les mains fébriles d'IVANOVITCH qui range son revolver....

La sueur perle à son front, il a le souffle un peu court.

La voiture ne doit plus être si loin, maintenant...

Les contours du véhicule commencent à se dessiner au bout de la ruelle dans laquelle il court à tout rompre tandis que les bruits de poursuites résonnent de plus en plus violemment dans son dos. Son visage ruisselant et tiré par l'effort, il continu sa course, ses pensées fixées sur sa voiture comme s'il pouvait ainsi pousser son corps jusqu'à elle plus rapidement.

Il n'est qu'à une demi-douzaine de mètres lorsqu'une voiture marquée d'une croix-gammée sur les portières déboule et se gare en dérapage en travers de la sortie de la ruelle, condamnant l'accès. L'homme au volant pointe un lueger P08 droit sur Ramon tandis que derrière lui, il entend le bruit des soldats pointant leurs mitraillettes.

IVANOVITCH s'arrête net, halletant. Il lève les mains vers le ciel désormais plus que crépusculaire.

Caméra aérienne, plan qui s'élargit : Ramon est seul, au centre du cercle formé par les Feldgrau qui convergent sur lui.

"Des nazis... Heureusement que mes expériences de militant marxiste professionnel sont bien loin, ils seraient fichus de renifler sur moi l'odeur de la momie de Lénine." De toutes façons, il n'y avait jamais cru, ni de près, ni de loin, c'était juste qu'il fallait une cause à servir... Ca ou autre chose...

En attendant, ca sentait le roussi.

La petite hôtesse du meublé minable qu'il occupait depuis si longtemps ne le verrait probablement pas, ce soir.

A moins que...

L'homme dans la voiture aboie des ordres à ses hommes. Deux d'entre eux s'approchent et fouillent Ramon, lui retirant immédiatement son pistolet et récupérant son porte-feuille, ses papiers et le sachet de velours.

L'un d'entre eux va donner le butin à son chef puis braque à nouveau sa mitraillette vers le prisonnier.

- Herr Ifanofitch, fait le SS en lisant son permis de conduire. Fous fous êts fourré dans dé peaux traps. Fous defriez safoir qu'on échappe pas à la SchutzStaffel.

Il prend le sachet et immédiatement, son air satisfait laisse la place à une expression de furie quasimant inhumaine. Après quelques secondes durant lesquelles il adresse un regard meurtrier au Californien, le SS retourne le sachet, déversant les pierres qu'il y avait fourré à la va vite. Il reprend d'une voix mortelle, alors que la caméra serre sur son visage tiré :

- Où est-elle ?

Il pose son pistolet dans sa voiture et se saisit d'une canne. Alors qu'il approche d'un air menaçant, il la plie entre ses deux mains, prenant tont le temps de montrer au prisonnier sa flexibilité et sa solidité.

Prenant un airstupéfait autant qu'enragé, IVANOVITCH s'écrie :

"Qu'est-ce que c'est que ce cirque ? Vous voulez dire que je me suis esquinté la santé pour un vulgaire tas de cailloux ?

Ecoutez, mon Général, enfin, mon Colonel, enfin, bref, je ne comprend RIEN, strictement RIEN à cette situatoni, je suis un peu juste financièrement, et j'ai cru pouvoir faire une bonne affaire, en tombant sur ce type qui m'a donné ce sac, ca avait l'air important, alors, vous voyez, je me suis dit que ca valait peut-être quelquechose... Je n'y comprend rien, mon boulot, c'est guide ici, je suis totalement en règle, vérifiez à l'hôtel Majestico, vous verrez !"

Le Scénariste a écrit:

Jet de Présence 8 + Baratin 2 = NA 10
Seuil : 12

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Plan serré sur les yeux du SS qui se plissent de colère.

- Scheiβe !

Et alors que Ramon, soulagé de voir que le SS a cru à son bobard, baisse légèrement sa garde, la canne siffle violemment, fendant l'air et venant s'écraser avec un bruit insoutenable contre la tempe de Ramon qui tombe à genoux sous la violence de l'impact. Un deuxième coup vient frapper son épaule, puis son dos. Le traitement se poursuit, mais son esprit n'enregistre plus les coups, le premier l'a déjà mis hors-jeu.

Il parvient à percevoir quelques instants les paroles de son agresseur qui donne des ordres à ses hommes. Une partie des soldats s'éloignent, l'autre le soulèvent et l'embarque dans un camion avant qu'il ne sombre vraiment dans l'inconscience.