La caméra cadre sur le visage inquiet d'Adrien. Un plan sur l'écriteau "Torino" dans une gare fait comprendre aux spectateurs qu'il est arrivé à Turin. Le service de sécurité du train livre le malfrat à la police locale. Il sera immédiatement ramené à la frontière française pour être pris en charge par la justice. Avant qu'il ne soit enfermé dans le fourgon, l'Irlandais lui dit :
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Si tu revois ton patron, passe lui le bonjour d’Harker et dis-lui que le moment venu, je me ferai un plaisir de lui rappeler les leçons de son entraîneur ! Il comprendra…Alors que l'homme disparait derrière les portes du véhicule de police, Adrien lance un dernier regard blasé aux passagers se déversant dans la gare : aucun signe de Guy, il a disparu. Le bandit lui a assuré qu'il n'y avait que lui et son collègue, et Adrien le croit. S'il y a eu entourloupe, ce n'était pas de leur part. mais qui alors ?
Il reprend son colis, tire son chapeau une dernière fois en l'honneur de son compagnon puis reprend un autre train pour poursuivre son périple.
Fondu vers une carte sur laquelle on voit se dessiner le trajet de l'Irlandais qui, de ville en ville, finit par atteindre Istanbul.
Si on considère la Turquie comme à cheval entre l'Europe et l'Asie, alors que dire d'Istanbul ? Cette cité est l'une des plus cosmopolites et internationales au monde, capitale économique, industrielle et culturelle du pays, elle est l'assemblage plus ou moins hétéroclite de quatre villes différentes. Chacun de ces visages d'Istanbul est bien marqué, permettant aisément de séparer le vieux Constantinople, la ville européenne de Galata-Péra, la ville d'Usküdar et celle de Kadiköy, d'autant plus que leur réunion officielle ne date que d'il y a quatre ans (1930).
Istanbul n'est donc pas une mais quatre villes aux yeux de beaucoup de gens, et cela se ressent, tant dans les ambiances que dans le patchwork ethnique et culturel de la grande cité.
Istanbul est également le terminus de la célèbre ligne l'Orient Express, qui relie Paris à la Turquie en passant par de grandes villes européennes comme Vienne, Budapest ou Bucarest.
Et c'est par un fondu sur ce fameux Orient Express que se poursuit la scène. L'énorme locomotive Pacific arborant une livrée bleu nuit et frappée de l'écusson de la CIWL (Compagnie Internationale des Wagons-Lits) stoppe en gare d'Istanbul, déversant ses passagers tous plus riches les uns que les autres. Au milieu de cette cohue de gens de bonne famille se détache une figure que nous connaissons maintenant bien : un homme portant un chapeau et trimballant toujours son colis à la main.
La caméra, placée derrière l'Irlandais, scanne la foule circulant dans la gare. Mais nulle part n'y a-t-il la moindre trace d'une personne portant un écriteau "Adrien Calvar" ou quoi que ce soit du genre. Pourtant, son patron avait été clair : un contact aurait dû l'attendre à Istanbul...