03) Rencontre avec le Professeur Majorana (Italie)

Hangar 17, aérodrome de Rome

Nous retrouvons nos trois protagonistes, l'Australien Andrew Roweri, l'Américaine Brooke Jefferson et l'Italienne Lucia di Padova. Deux jours ont passé depuis qu'ils ont fait chou blanc à l'ambassade d'Amérique. L'ambassadeur qu'ils ont rencontré leur a déclaré que les gouvernements italiens et américains étaient déjà suffisamment fachés sans en rajouter, je cite, "en traînant dans vos affaires louches." Les deux archéologues ont donc bien dû avouer que l'aide de la comtesse leur serait précieuse.

Son plan est pour le moins audacieux ! Voler la châsse et l'emporter sous le nez des fascistes hors du territoire italien. Avant même de penser à la façon dont va se dérouler le cambriolage en lui-même, les trois intéressés ont mesuré les possibilités pour la faire sortir du pays. Deux seulement s'offrent à eux : la voie aérienne et la voie maritime. C'est là que Lucia est intervenue ; elle connaît un jeune scientifique du nom de Professeur Majorana possédant son propre avion et qui est justement de passage en Italie dont il est originaire bien qu'il n'y habite plus. Sans plus tarder, la Comtesse fit jouer ses relations pour obtenir un rendez-vous avec le jeune homme qu'ils retrouvent à l'aérodrome de Rome, hangar 17, aux côtés de son DH84 - Dragon, un splendide appareil flambant neuf.

Pendant les deux jours qui ont suivi l'échec cuisant des archéologues à leur ambassade, Lucia n'a pas chômé. Elle a d'abord envoyé un télégramme à ses employeurs, précisant qu'un "nouveau protagoniste était entré en scène mais qu'il n'allait pas entraver les affaires en cours, et qu'il était à prévoir qu'une autre personne encore intervienne dans la transaction". Puis, elle s'est rendue au cadastre de la ville pour observer le plan du Musée et de ses environs.

Enfin, elle a pris contact avec Enrico Majorana, une des nombreuses connaissances dont elle avait conservé la carte de visite dans son porte-cartes déjà bien rempli. La voici donc à l'aérodrome de Rome, où elle a donné rendez-vous aux deux scientifiques. Cependant, elle a pris soin d'arriver légèrement en avance, histoire de préparer le terrain. Pour l'occasion, elle porte une robe longue et un élégant manteau de fourrure, dont le décolleté laisse entrevoir un ravissant collier de perles et surtout des formes très généreuses.



Un large sourire aux lèvres, elle s'avance vers Enrico et lui tend la main :

- Mon cher professeur Majorana ! Je vous suis très reconnaissante de bien vouloir nous accorder ce rendez-vous. Comment vous portez-vous ?

Enrico était arrivé de Londres depuis 5 jours, il avait réalisé le vol d'essai de son nouvelle avion un magnifique DH84 - Dragon. Il en profitais pour rendre visite à sa famille, et manger ces somptueux spaghettis que faisait sa mère. En France on ne pouvait trouver de si bon plat.

Lorsqu'une de ses connaissances lui demanda si elle pouvait venir le voir lui et son avion il en fut d'abord étonné. Mais tel un enfant avec un nouveau jouet, il voulait le montrer au reste du monde et accepta donc avec fierté cette proposition. De plus la connaissance s'avérait être Lucia di Padova, une magnifique jeune dame, ce qui ne gâcherait certainement pas le plaisir de faire un tour au dessus de Rome. Il avait donc fait le plein, et astiqué son avion. Il était dans le cockpit lorsqu'il vit la jeune femme arrivé, splendide comme toujours. Il descendit de son engin et avança vers elle.

_ Enchanté mademoiselle Di Padova, je me porte à merveille, et vous ?

Cependant, il venait d'entendre le nous, et il se dit encore une fois « tu devrais écouter tous ce qu'on te dit et non que des bribes de phrases. Un jour tu ne penseras pas à tes projets lorsque les gens te parleront ». Enfin c'est pas bien grave, le DRAGON avait 6 places à l'arrière.

Le chauffeur d'Andrew et Brooke venait de les déposer devant le hangar 17. Celui ci sortit pour tendre sa main à sa collègue d'un geste galant tout en observant l'avion, la comtesse et le certain Enrico Majorana.

- J'espère que nous pouvons faire confiance à cette femme et à ce scientifique... glissa-t-il au professeur Jefferson.

Il avait dit cela sans quitter des yeux les deux jeunes gens en train qui avaient déjà commencé à discuter.

Du coin de l'oeil, Lucia aperçoit Andrew et Brooke sortir de leur voiture. Elle aurait aimé avoir plus de temps pour préparer le terrain. Tant pis, il faudra faire avec...

Avec un geste désinvolte de la main, elle reprend sa discussion :

- C'est un plaisir pour moi de vous revoir... Même si je dois vous avouer que je suis là pour vous faire une proposition qui vous semblera peut-être surprenante...

Sans attendre de réponse, elle continue son monologue :

- Je me suis permis d'inviter mes deux camarades à cette entrevue. Ce sont les professeurs Roweri et Jefferson, fameux historiens. Peut-être d'ailleurs les connaissez-vous, vous qui faites partie du milieu scientifique ?

Tout en parlant, elle ouvre son sac à main, en sort son éternel étui à cigarettes, et s'allume tranquillement une Lucky Strike.

Enrico n'avait meme pas vu arrivé ses deux camarades, mais lorsqu'elle le souligna, il les regarda avec étonnement, que pouvait elle faire avec deux historiens. Se rappelant les mots d'un de ses amis "mord la vie" il ajouta :

- En effet je suis un scientifique, même si je ne côtoie plus trop le milieu universitaire.

puis il ajoute avec un petit sourire

- De plus j'ai côtoyé un milieu fermé, celui de la physique, je suis adepte des sciences dures même si je n'aime pas ce terme. Vous disiez que vous aviez une proposition surprenante, de quelle ordre est-elle ?"

Un peu plus loin, la porte de la luxueuse voiture appartenant à Lucia claquait sous les mains propres et expertes d’un homme à l’air âgé, mais pourtant pas si vieux que ça. La canne cogna le sol dans un bruit sourd de bois meurtris, et la caméra monta lentement, découvrant d’abord le costume hors de prix, puis le visage de Julien. Il fallait qu’il se dépêche, sa maîtresse l’attendait certainement à l’aérodrome, et jamais il était question de la faire patienter plus longtemps.

C’est ainsi que le chauffeur de Lucia fit le tour de la voiture, vérifiant que tout était en ordre, avant de la bâcher pour éviter que le temps ou quoique ce soit d’autre ne dégrade le véhicule trop vite. Après ça, faisant cogner sa canne au sol, comme pour annoncer sa venue, Julien s’avança d’un pas rapide et noble vers le fameux lieu de rendez-vous.

Difficile de reconnaître, avec une vue comme la sienne, combien de gens appartenaient au groupe. mais ce qui était sûr, c’est que Lucia était présente - Son accoutrement ne passait pas inaperçu, dans le bon sens du terme. Le chauffeur accéléra le pas de manière a arriver à hauteur du groupe. Ne souhaitant pas les déranger, il salua les membres présent en opinant, portant sa main à son chapeau pour le relever légèrement. Puis, Julien tourna la tête vers sa maîtresse, faisant une légère révérence avant de lui parler.

« - Tout est prêt madame, la voiture est en lieu sûr. »

Puis, par simple application du protocole, Julien se recula d’un pas et baissa légèrement la tête, pour s’effacer et n’être présent que pour ceux qui auraient quelque chose à lui demander.

Brooke descendit de la voiture aidée de son collegue. Pendant le voyage elle avait remis ses petites lunettes rondes pour lire, et n'avait pas pris soin de les enlever pour le rendez-vous. Elle remercia rapidement Andrew et observa avec un regard inquiet et méfiant, l'endroit où ils se trouvaient. L'air apparemment nerveuse, elle se rapprocha de son collegue pour se rassurer. Brooke n'était pas très sociable, elle préférait rencontrer le moins de personnes possible. La jeune archéologue répondit d'une voix un peu tendue :

"Je l'espère également... Mais ils sont notre seule chance de continuer à travailler sur notre projet."

Brooke jeta un rapide coup d'oeil aux alentours et aperçu le groupe de personnes dont Lucia. Elle lança à Andrew d'une voix presque inaudible :

"Allons les rejoindre..."

Ils se dirigèrent vers le groupe, et Brooke s'éclaircit la voix pour se présenter. Tout en regardant Mr Majorana d'un regard fuyant, elle annonça :

"Je suis le professeur Brooke Jefferson...Je vous remercie d'avoir accepté de nous aider... Monsieur... ?"

Elle regarda Enrico plus franchement et eut un sourire timide.

Voir tant de monde arrivé sans qu'il ne sache pourquoi inquiéta Enrico, cependant ça l'amusa et ajouta avec un sourire:

-Professeur Enrico Majorana, cependant, je n'ai pas eu le plaisir d'accepter de vous aider, car je ne sais pas ce que vous me voulez. Somme nous au complet ? Mon appareille n'accepte que 6 passagers.

Ajoutant avec un peu de naïveté

-Vous voulez visiter l'Italie vu du ciel ?

En rejoignant le petit groupe, Andrew salua Lucia et son majordome en soulevant légèrement son chapeau.

- Professeur Andrew Roweri. Enchanté professeur Majorana. dit il en lui tendant la main.

Apparemment Lucia ne lui avait pas encore dit ce qu'ils comptaient faire. Andrew haussa un sourcil interrogateur dans la direction de la comtesse.

- Je pense que miss di Padova, va vous expliquer en détail ce que nous comptons faire dans le ciel de l'Italie.

Lucia hocha la tête à l'intention de Julien, lui adressant par la même occasion un petit sourire. Puis, elle laissa éclater son rire cristallin à la remarque d'Enrico, et attendit patiemment qu'Andrew se présente.

Elle posa alors son élégante main sur le bras du savant italien, et lui dit en baissant légèrement le ton :

- Ce n'est malheureusement pas pour un voyage de plaisance que nous sollicitons vos services. Mon cher, j'ose espérer, qu'en grand scientifique que vous êtes, vous accordez autant d'importance à la physique quantique qu'à l'histoire de l'humanité...

Elle tira une bouffée de sa cigarette et poursuivit :

- Car il s'agit ici d'un cas extrême... Il nous faut sauver un précieux témoignage des mains des fascistes...

Elle s'interrompit une nouvelle fois, scrutant intensément le visage d'Enrico pour déceler une trace de réaction à la mention du régime mussolinien. Il s'agissait d'être prudent, et de ne pas se jeter dans la gueule du loup, si jamais le scientifique ne partageait pas les vues de la comtesse.

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A la mention du mot fasciste, les traits d'Enrico se raffermit, (il n'a pas l'air de porter ce régime dans son cœur) puis avec un visage crispé poursuivit :

-Pouvez-vous m'en dire plus ? Je ne suis pas trop au courant des affaires Italiennes, j'habite en France à présent.

Enrico scrute la foule pour voir si c'est un piège

Enrico scrute la foule pour voir si c'est un piege

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Julien semblait parfaitement stoïque face à la conversation. Droit comme un piqué, juste derrière sa Maîtresse, il écoutait attentivement la conversation, prenant le temps de s’assurer que personne n’essayait de duper Lucia. A l'arrivée des deux autres personnes, il pris le temps de les saluer en levant son chapeau tout en s'inclinant légèrement. Jusqu’à ce que la Comtesse reprenne la parole, les discutions tournaient encore autour des formules de politesse, et il était donc inutile de s'inquiéter.

Au moment où la discussion semblait prendre une tournure plus sérieuse, Julien attrapa ses lunettes et, soufflant dessus pour y mettre de la buée, il les essuya avec un mouchoir logé dans sa poche. Cette opération lui pris du temps, mais quand sa maîtresse eut finit de parler, il remis le mouchoir dans sa poche et les lunettes sur son nez.

Le professeur Majorana sembla réagir au discours de Lucia, mais cela n’était pas étonnant. Qui resterai de marbre face au mot fasciste? Avec toutes l’expérience que pouvait avoir le voiturier, il ne connaissait personne qui était resté insensible face à ces extrémistes … que les gens soient pour ou contres.

Ainsi, toujours silencieux et stoïque, il décida de mettre en pratique quelques uns de ses enseignements, de manière à s’assurer que personne dans le groupe était contre la Comtesse. Peu lui importait de savoir si les gens étaient pour ou contre le fascisme. Ce qui avait de l'importance pour lui, c'était la sécurité de sa Maîtresse. Aussi, il pris le temps de vérifier, dans les réactions des autres face à cette discussion, si aucun d’eux avait quelques réticences au fait que Lucia soit du voyage.

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La réaction d'Enrico semble soulager la comtesse. Elle poursuit donc son explication posément, sur un ton toujours aussi enjôleur :

- Laissez-moi vous exposer notre projet : peut-être avez-vous entendu parler récemment de la découverte d'une momie égyptienne, qui a été ramenée à Rome et confiée aux soins des professeurs Jefferson et Roweri ici présents. Or, il se trouve que le gouvernement fasciste a mis la mains sur ce précieux témoignage de l'histoire, et qu'il empêche Miss Jefferson et Mr. Roweri d'étudier la momie... Il est évidemment désastreux que nos dirigeants se soient appropriés ce projet, car qui sait ce qu'ils peuvent en faire ?

Lucia s'interrompt à peine dans son explication pour jeter un oeil aux deux scientifiques, guettant leurs réactions.

- Or, il se trouve que j'ai à coeur de sauver les recherches archéologiques concernant cette momie, et je souhaiterais ardemment pouvoir les aider à la faire sortir d'Italie pour la transporter là où on pourra prendre soin d'elle comme il se doit. Et c'est là, mon cher ami, que vous intervenez. Si vous êtes prêt à tenter l'aventure en notre compagnie, nous pourrions utiliser votre avion pour faire sortir la momie du pays sans risquer de contrôle douanier ou d'intervention de police... Ou du moins en prenant le minimum de risques possibles.

Elle tire une nouvelle bouffée sur sa cigarette et plante son regard irisé dans les yeux du savant :

- Seriez-vous de la partie, mon cher Enrico ?

Petit à petit, les traits d'Enrico se fermèrent, comprenant ce qu'on allait lui demander. En tant que scientifique, il ne pensait pas avoir l'occasion de se confronter au gouvernement fasciste de son ancienne patrie, cela le troublait, devait-il se lancer, cela pourrait mettre sa famille en danger. Cependant, il pourra toujours envoyer un courrier....

Plein de choses lui passait par la tête, son visage était inquiet. Après les mots de Lucia, il y eu un blanc, Enrico trouva que c'était une éternité, mais cela dura seulement une trentaine de secondes. Puis il ajouta :

- Soit, je n'aimerai pas que des découvertes importantes soient compromise. Pouvons nous discuter de ce que vous prévoyez ailleurs, ou tout du moins plus à l'abri ? Veuillez entré dans mon appareil, je n'allumerais les moteurs que si vous le désirez.

Enrico se recula et fit un signe de bras pour que les invités monte dans l'appareil. Il regarda les 4 personnes en face de lui et leur sourit, un sourire crispé, mais un sourire quand même.

Brooke avait observé la discussion en silence, toujours sur ses gardes. En fait, elle ne savait pas qui était l'homme aux lunettes présent aux côtés de Lucia; et cela l'inquietait. Tout en écoutant les propos de la Comtesse et du scientifique, l'archéologue tripotait nerveusement un coin de son gros sac gris qu'elle tenait dans ses bras, contre elle. Quand Monsieur Majorana les invita à monter dans l'avion, la respiration de Brooke s'acceléra et elle se mit à trembler légèrement. Elle savait pertinemment qu'ils auraient à un moment besoin de prendre l'avion, mais lorsqu'Enrico lui annonça subitement elle eut une appréhension. Brooke était habituée à préparer à l'avance ses voyages, et donc à gérer son stress. Essayant de cacher cette petite angoisse elle se gratta la tête et fit mine de chercher quelque chose dans son sac, sans lever la tête elle dit à Andrew tout en espérant qu'il lui obéirai :

"Hum... Allez-y Andrew, je vous suis..."

- C'est plus particulièrement le coffre que nous avons appelé, notez l'anachronisme: "châsse du pharaon inconnu" qui nous interesse.

Evidemment personne hormis Brooke ne pouvait noter l'anachronisme en question. Andrew après l'invitation de Enrico, saisit gallament sa collègue par le bras et l'aida à monter dans l'avion. Il avait saisit l'apparent malaise de sa collègue, ayant un gout quelque peu prononcé pour la préparation de toutes ses actions.

- Tout ira bien miss Jefferson... Faites moi confiance.

D'un geste précis, Lucia jette sa cigarette sur le tarmac de l'aérodrome et l'écrase de la pointe de sa chaussure, avant de suivre le mouvement général et de pénétrer dans l'avion d'un pas assuré. D'un signe de tête, elle indique à Julien de la suivre.

Une fois dans l'appareil, elle observe les lieux avec minutie, repérant le nombre de sièges, la place disponible pour les bagages ou autres objets, le cockpit, la soute, etc. Il est essentiel de tout bien planifier avant d'avoir à aller chercher la châsse, tâche qui s'avérera déjà suffisamment ardue en elle-même.

Elle s'installe confortablement sur un siège et commence à pianoter sur l'accoudoir, en attendant que tout le monde soit installé. Elle s'adresse une nouvelle fois à Enrico :

- C'est vraiment très aimable à vous de nous fournir votre aide pour cette affaire, Enrico. J'espère que nous ne vous attirerons pas trop d'ennuis. Car il s'agit tout de même d'aller dérober un précieux coffre...

Elle insiste sur le terme, en jetant un regard appuyé à Andrew.

- ... des mains du gouvernement. Ce ne sera pas de tout repos et il nous faut absolument prévoir tous les détails de notre aventure, avant de nous jeter dans la gueule du loup.

Enrico répondit :

-Soit, prévoyons. Quelle est la taille et le poids de ce coffre ? A quelle destination voulez-vous l'amener ? A quelle date et quelle heure ? Combien de personnes seront à bord ? Dois-je prévenir que je pars ou, on part en rapide, ce qui pourrait poser problème et donner l'alerte ? Désolé de poser autant de question, mais je suis un peu anxieux à l'idée de ce que j.. on va faire

Enrico se prenait déjà pour un agent secret, dans le feu de l'action, mais il n'en menait pas large.

Julien était resté bien silencieux, et discret. De temps en temps, il époussetait sa veste ou ses chaussures, parfois encore, il prenait le temps d’essuyer ses lunettes une fois de plus. Apparemment, cet homme avait un problème avec la propreté. Quand Brooke adressa un regard à l’homme, il se contenta de baisser légèrement la tête comme pour la saluer encore.

La comtesse vint briser l’immobilisme de cet homme en lui faisant signe de venir. Rangeant le mouchoir une fois de plus dans sa poche (il nettoyait encore ses lunettes), Julien pris une place proche de la comtesse, sans se mette à côté, et proche aussi de la sortie, étant donné qu’il devrait agir vite en cas de pépin.

Après avoir posé sa mallette entre ses jambes, il regarda le reste du groupe et leva à nouveau son chapeau.

« - Nous risquons de passer un moment ensembles, enchanté de vous connaître tous. Je suis Julien de la Costa, voiturier personnel de Madame. J’espère que nous passerons de bon moments ensembles. »

Ces quelques mots n’imposaient pas de réponse, aussi Julien s’assit confortablement, et attendis le décollage de l’appareil.

Brooke s'était evidemment assise à côté de son collegue, après avoir écouté les questions d'Enrico, Brooke perçu qu'elle n'était pas la seule anxieuse dans ce groupe. Cela la rassura et l'archéologue se sentit tout de suite plus proche de Monsieur Majorana. C'est pourquoi elle adressa un sourire chaleureux à Enrico et tout en le regardant par dessus ses petites lunettes rondes dit :

"Ne vous inquiétez pas Monsieur Majorana, le Professeur Roweri et moi-même sommes des personnes raisonnables, nous choisirons la solution la moins dangereuse possible."

Elle eut un rire intérieur et pensa :
*Quoique je me demande si nous ne sommes pas devenus fous...*

Brooke se renfonça dans son siège et attendit sagement que Lucia lui explique le projet dans les moindre détails. Puis quand la jeune femme entendit Julien se présenter elle se redressa, l'air étonné. Puis elle prit la parole d'un ton agressif :

"Excusez-moi, croyez-vous qu'un chauffeur soit nécéssaire dans ce projet ? Je pense qu'il faudrait le minimum de personnes !"