Le Monde en 1934

Nées sous le signe de la crise de 1929, les années 30 sont une époque de paradoxes, où se côtoient misère et faste. Alors que le monde entame une lente descente vers l'enfer de la seconde guerre mondiale, les innovations scientifiques de cette décennie marquent un tournant décisif dans la vie quotidienne. Le désespoir est atténué par les grands exploits des aventuriers modernes et le rêve en technicolor. Les héros populaires envahissent les ondes et les écrans, pour faire oublier le temps d’un programme la folie de la réalité. L’écho du bruit des bottes défilant au pas commence à faire trembler le monde à son rythme.


La crise économique

C’est par le « Jeudi Noir » que débutent les années 30, c’est-à-dire le grand krach boursier de 1929 qui entraîne une crise économique sans précédent, partout dans le monde. Les premiers touchés sont les Etats-Unis, suivis de près par l’Europe. En moins de 6 mois, le chômage frappe de plein fouet tous ces pays, et les prix flambent brutalement. Le monde sombre dans une immense dépression, malgré tous les efforts des dirigeants. C’est l’occasion pour les milieux de la pègre et de la mafia de se faire connaître et d’imposer leur loi.


Le contexte politique

Découlant naturellement de la crise économique, le contexte politique annonce déjà une période très noire de l’histoire. Terrassés par la famine et la pauvreté, les peuples se tournent vers des leaders charismatiques, qui leur promettent monts et merveilles. C’est la montée du nazisme en Allemagne, avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler, ainsi que l’installation du fascisme de Mussolini en Italie. En URSS, Staline, « le Petit Père des Peuples », installe un régime autoritaire et dictatorial, dont le culte de la personnalité est le pilier central. Suivant son exemple, Mao Tsé Toung entame sa « Longue Marche », pour mener la Chine au régime communiste, tandis que le Japon occupe et exploite la Mandchourie depuis 1931. De leur côté, les colonies européennes en Afrique et en Asie commencent à élever la voix, même si elles ne réclament pas encore ouvertement leur indépendance. Cependant, les gouvernements trouvent encore de quoi financer largement leurs services secrets, qui se livrent une guerre sans merci, dans cette nouvelle société où l’information est reine : CIA, FBI, NKVD (l’ancêtre du KGB), Gestapo et DST (fraîchement créée) sont au cœur des préoccupations d’état.


Les découvertes scientifiques

Les années 30 sont la décennie des grandes innovations techniques, dans des domaines extrêmement divers. En aéronautique, c’est le début de la conquête de l’air : les avions se dotent de moteurs à réaction et effectuent des voyages de plus en plus longs, tandis qu’on expérimente les tout premiers hélicoptères. Les autres moyens de transport sont également en pleine évolution : voitures luxueuses ou autochenilles destinées à traverser le désert, hydravions, gigantesques paquebots transatlantiques. C’est l’époque des grands aviateurs et des explorateurs, qui font découvrir au peuple des contrées encore inexplorées. Le téléphone se répand un peu partout et subit de nombreuses améliorations : on peut maintenant communiquer d’un continent à l’autre. Le couple Joliot-Curie fait également la découverte de l’atome, tandis qu’on construit le premier radiotélescope, qui permet l’élaboration de la théorie du Big Bang. La médecine fait aussi l’objet de découvertes novatrices : l’électroencéphalogramme, la cortisone, les chromosomes. D’autres innovations viennent révolutionner la vie quotidienne : vernis à ongles, nylon, téflon, cellophane, plexiglas, bouteille de plongée, etc.


Et la culture ?

La culture est la première à bénéficier des innovations techniques : avec la couleur, la photographie et le cinéma prennent leur essor. C’est également la naissance de la télévision, pas encore commercialisée. En littérature et au cinéma, la science-fiction, le fantastique et l’aventure ont la part belle, mais la critique sociale n’y est pas délaissée. Le « star system » prend toute son ampleur et l’on voit naître des idoles telles que Clark Gable ou Greta Garbo. Quant à la musique, c’est bien évidemment le jazz qui règne en maître sur tous les continents, largement diffusé par les postes de TSF, où dominent également les pièces radiophoniques. Côté architecture, l’Art Déco de l’Empire State Building côtoie le fonctionnalisme d’un Le Corbusier, mais le gigantisme prime.


© Arkeos et la Réalisatrice